Maître Ip Tai Tak (à gauche) entraînement avec un de ses disciples.

Interview de Maître IP TAI TAK.
IP Tai Tak, 1er. disciple de Yang sau Cheng le fils ainé de Yang Chen Fu. Il enseignait à Hong Kong, (1929-2004).
 Interview réalisé par Robert Boyd.


  RB : Qu'est ce qui vous a motivé pour étudier le tai Chi Chuan ?


  IP : J'ai étudié le Kung Fu à l'école primaire avant la deuxième 
guerre mondiale, on l'exigeait des jeunes gens. Cependant mon
premier intérêt dans la culture physique était l'haltérophilie; après
mettre blessé dans cette pratique, mon docteur m'a recommandé de
 nager, de pratiquer le ping-pong ou le Tai Chi.


  RB : Et vous avez choisi le Tai Chi ?


  IP : Non je pensais cela trop lent et ennuyeux, donc j'ai opté pour la
 nage. Une fois, alors que j'étais à la piscine, j'ai vu des gens faire du
Tai Chi, sur une colline pas loin. Je suis allé voir faire de la poussée
 des mains. Après avoir parlé avec l'enseignant j'ai rejoint ce groupe.


  RB : Qui enseignait ?


  IP : C'était Tung Ying Chieh, un disciple de Yang Chen Fu. C'était en
1950, j'avais 21 ans. J'ai étudié avec lui 4 ans, devenant son 
assistant, c'est alors que j'ai rencontré Yang Sau Cheng.


  RB : Comment l'avez-vous rencontré ?


  IP : Je suis allé à une démonstration de Kung Fu à Hong Kong; Yang 
Sau Cheng faisait une démo de sabre. Je fut si impresssionné que j'ai
 voulu être son élève.


  RB : Comment avez-vous fait pour l'être ?


  IP : J'ai entendu dire qu'il vivait à Yuen Long dans les New Territories
 et j'ai donc voyagé là et j'ai cherché dans ce secteur. Après
 beaucoup de frustration, j'ai trouvé Mte Yang qui enseignait à une 
poignée  d'étudiants en plein air. Ses étudiants étaient très 
impressionnants, bien que certains d'entre eux aient 
seulement étudié pendant 3 mois. 
J'ai demandé qu'il m'accepte et il l'a fait. C'était un long voyage pour
 aller à Yuen long, donc j'ai trouvé un entrepot à Hong Kong et j'ai 
invité Mte Yang a enseignait là. Il a accepté, et bientôt il a eu au 
maximun 13 étudiants qui venaient après leur travail, 2 à3 jours par
 semaine. Plus tard sa famille vint le rejoindre à Hong Kong.

RB : racontez-nous les débuts de votre aprentissage.


  IP : Je vais vous raconter une histoire: une fois, après un cours, nous 
sommes allés au domicile d'un des étudiants; Mte Yang a disposé un
 matelas au bout de la pièce; il nous poussait et nous volions 
littéralement à 3m; je n'avais jamais vu cela auparavant. Plus tard
 nous sommes allés dîner, et nous étions tout embrouillés à 
l'intérieur du corps.


  RB : Quand êtes-vous devenu son premier disciple ?


  IP : En novembre 1958. C'est une cérémonie traditionnelle appelée 
Bai Shi. J'ai invité les étudiants et la famille Yang à un banquet. Je 
lui ai offert une poche rouge, des coupons de soie, un service à thé,
 des choses traditionnellles quand on devient disciple.

  
RB : Comment à évolué votre entrainement par la suite ?


  IP : Il m'a enseignait la forme du serpent de la famille Yang, cela 
inclut la Longue Forme, du Qi Gong, et une façon assez brutale de 
faire la poussée des mains. J'ai pratiqué de cette façon la poussée 
des mains pendant 24 ans avec Mte Yang.

  RB : Mte yang parlait-il de la façon de s'entraîner avec son père,
Yang Chen Fu ?

  
IP : Quelques fois. Je sais qu'il a commencé à 8 ans et qu'il fut
 considéré comme maître à 19 ans. Il disait que son père les mettait 
dehors (ses frères et les étudiants) de la maison à 6h du matin. Il
f aisait très froid, et ils devaient s'entrainer de façon continue pour
 rester chauds, faisant la forme jusqu'a 12 fois en 2h, à vitesse
 élevée pour garder leur chaleur corporelle. Puis son père ré-ouvrait
 la porte à 8h, et ils prenaient un petit déjeuner. On s'entrainait
 dans la journée et dans la soirée. Il disait que son père avait tant
 de Chi, qu'il pesait 10 fois plus qu'un homme ordinaire.

  RB : J'ai entendu dire que vous avez pratiqué de nombreux arts
martiaux.


  IP : Comme je l'ai dit, j'ai pratiqué le Kung Fu et le Judo quand
j'allais à l'école. Il y avait tant de maîtres réputés à Hong Kong
 à cette époque. Leurs styles me devint familiers. Maître Yang
 enseignait chez lui à Wangchai le samedi et le dimanche. Le
 samedi je venais avec une technique d'un autre système, et il
 me montrait comment la contrecarrer avec le Tai Chi.

  RB : Comment pourriez-vous d'écrire la poussée des mains de 
Mte. Yang ?

  
IP : En 24 ans je n'ai jamais remporté un match contre lui; ses 
mains étaient pleines d'énergie et magiques. Quand il vous "prenait"
 la douleur était insuportable. Au début, avant que l'on deviennent
 plus fort, à chaque fois qu'il nous attrapait, c'était comme si vos 
bras et votre corps était fait de tofu.

  RB : Mte Yang est mort en 1985, si je me trompe pas ?


  IP : Oui, il laisse trois filles Amy, Mary et Agnes. Il a eu aussi 2 
autres disciples, Chu Gin Soon en 1977 et Chu King Hung en 1983.
 Il a aussi 3 demi frères qui vivent encore en Chine.

  RB : Revenons au Tai Chi et à votre entrainement. En quoi le
Tai Chi de Mte Yang est-il différent des autres ?

  
IP : Il y a trois formes dans le Tai Chi de style Yang : Styles de la
 Grue, du Tigre et du Serpent. Les gens d'un certain âge et ceux
 qui sont limités par leurs qualités physiques, pratique le style de
 la Grue. Il utilise des postures hautes. Le style du Tigre est le plus
 courant. Il utilise des postures moyennes (en flexion) et il ya des 
aplications martiales. Le style du Serpent utilise des postures basses,
 à 1,20 m du sol, et c'est le style préparant au combat.


  RB : Mais y-a-t-il d'autres diffférences que la hauteur des postures?

  
IP : Oui. Le style défensif duTigre utilise une méthode dirigée plus
 vers l'avant, comme le fait le tigre dans son comportement. Dans le
 style du serpent, on se déplace d'un côté à un autre, comme le fait 
le serpent, et on attaque l'adversaire par le travers. Les positions 
angulaires des mains sont plus puissantes, et sont aidées plus
 efficacement par la taille et les jambes. Le poids est alors 
pratiquement à 100% sur une seule jambe. Mais aucune forme n'est 
efficace comme art martial sans le Qi Gong et la poussée des mains.


  RB : Et c'est cette comblnaison qui transforme le Tai Chi d'un 
exercice de santé en un art martial ?


  IP : Cela permet au pratiquant du style du Tigre à appliquer certains
 des mouvements. Mais ce n'est pas le vrai chemin pour le combat, à
 moins que vous ne pratiquiez la Forme Longue.

  
RB : La Forme Longue dont vous parlez est différente de la forme du
Tai Chi Chuan ?

  IP : Oui, la Forme Longue de style Yang est une forme martiale
 différente de la forme classique du Tai Chi. Elle peut être executée 
à différentes vitesses, et peut être modifiée pour être conforme aux
 applications particulière d'un Maître. Ma forme diffère quelque peu
 de la forme de Mte Yang. Avec la Forme Longue, vous pouvez être
 créatif, mais pas avec la forme classique.

  RB : Donc les 3 composantes du Tai Chi martial du style Yang sont ?

  
IP : Le Qi Gong, la Forme Longue et la poussée des mains. Sans cette
combinaison, vous ne pouvez utiliser le Tai Chi en self-défense.
  RB : Et en ce qui concerne le Fa-jin ?


  IP : Le Fa-jin est souvent mal compris et considéré comme la force
 dure. C'est la pure expression du Chi depuis le dos jusqu'aux mains, 
en laissant fondre la poitrine et en utilisant l'intention. Mon style
 de Fa-jin est un très vieux concept qui date de bien avant la famille
 Yang. Vous décharger en déplaçant la taille dans une direction et 
les mains dans l'autre, comme quand on bande un arc. Mais vous
 devez avoir un enracinement solide par la pratique du Qi Gong.
  RB : Vous parlez de séparation entre le Tai Chi pour la santé et le
 Tai Chi pour le combat. Le Tai Chi martial n'est-il pas meilleur
 pour la santé ?


  IP : Oui, il vous rendra plus fort et plus puissant, mais vous devez 
faire atttention à le pratiquer correctement. Autrement on devrait
 pratiquer de cette façon.
  RB : Merci Maître IP.